Je suis triste de lire de la mort de Maurice Faure. J'ai quelques souvenirs de ce grand homme mais mon préféré s'est produit en 1984, lorsque j'étais député britannique et Maurice, Sénateur. Mon président de groupe parlementaire m'avait demandé si je voudrais participer à un colloque radical à Paris. Ma réponse immédiate fut: "bien sûr" et rien n'y changea lorsque quelques instants plus tard il m'avouait que le voyage avait un prix : donner une conférence en français sur le thème de l'aide social!
Etant assez motivé, je ai préparé en détail cette intervention et je suis arrivé fin prêt au palais du Luxembourg à l'heure de déjeuner. Il y avait là également des radicaux des Pays-Bas et de Danemark. J'ai le souvenir d'un repas superbe avec des grands crus magnifiques et des discussions décontractées et cordiales. Vers seize heures Maurice prit la parole pour annoncer, "l'heure de la sieste!" et le rendez-vous du soir, vingt heures de nouveau au grand restaurant du Sénat. Nous eûmes encore une fois la cuisine excellente et des vins superbes.
Le jour suivant passa de la même manière sans qu'aucun signe tangible d'une conférence ou de discours formel! Finalement je me résignais à demander à Maurice pour quand était mon intervention. Avec sa voix si particulière, il me répondait devant nos collègues hilares : "Quelle conférence? Maintenant que je suis Sénateur - et la cuisine au palais Luxembourg et mieux que le palais bourbon - je pouvais faire une réunion européenne de nos collègues radicaux digne de ce nom comme on me le demande depuis longtemps. Participants de quatre pays minimum et un ordre de jour et l'Union nous subventionne. Mes excuses, mais nous n'avons pas aucun besoin de ta conférence!"
Cette conférence reste encore dans mes archives!