Letter re Iraq to Le Président de la République Française (in French)

le 10 février 2003

M Jacques Chirac 
Le Président de la République Française 
Palais de l'Elysée
55 rue du Faubourg Saint Honoré
75008
Paris
France

Monsieur le Président

Je vous écrit en qualité d'ancien député britannique, bien conscient et au courant des questions  politiques concernant l'Irak dont la charge sans doute vous pèse beaucoup.

Je trouve la situation lourde de danger et je pense qu'il est incroyable que le gouvernement britannique continue de rester sous le  joug américain. Nous avons découvert que la plupart des arguments que notre gouvernement a prétendu venir des services de renseignements, étaient plagiés d'une thèse écrite il y a six ans par un étudiant américain. Notre gouvernement gratte  un peu partout dans l'espoir de découvrir des preuves efficaces. Si les circonstances n'étaient pas si meurtrières, ça serait risible.

J'ai entendu le discours de M. de  Villepin au Conseil de sécurité et j'ai applaudi son ton mesuré  et circonspect. J'espère que vous, Monsieur le Président, et votre gouvernement continueront à prendre ce parti judicieux. Il est clair que la position du gouvernement français représente l'opinion européenne la plus répandue. Je crois qu'elle représente l'Europe véritable et existante, et pas l'Europe de jadis - selon M. Rumsfeld. Bien sûr, c'est très difficile de trouver des partisans de l'action militaire contre l'Irak  parmi tous mes contacts politiques - à gauche ou à  droite.

Notre Premier ministre a déclaré dans un débat la semaine dernière qu'on aurait des bonnes raisons de commencer l'action militaire contre l'Irak au-delà d'un veto du Conseil de sécurité de l'ONU si ce veto est contraire à la volonté du Conseil. Il ne comprend pas que c'est le point essentiel d'un veto. Il n'existe qu'afin d'annuler un vote par ailleurs majoritaire.- comme le gouvernement britannique l'emploie souvent dans l'Union européenne!

Une guerre contre l'Irak sera le meilleur agent  recruteur de terroristes contre nos pays, et elle sera très désastreuse pour les Palestiniens qui vivent actuellement dans un immense camp de concentration.

Je vous conjure, Monsieur le Président, d'utiliser toutes les voies diplomatiques et politiques - y compris le veto au Conseil de sécurité - pour éviter une guerre catastrophique qui aura comme conséquence de nous précipiter dans un conflit sans limites apparentes.

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l'expression de mes sentiments les meilleurs.

[signé: Michael Meadowcroft]

Ancien Député, Leeds West